Barbaries communes |» PV Ellana Flywer

BARBARIES COMMUNES
Que font deux être atrocement cruelle quand ils se réunissent ?

Le sang persistait.
J'en avais tellement envie ! Je voulais tuer, je voulais tout mettre à feu et à sang sur mon passage. Je voulais effacer cette nature vivante autour de moi. Je voulais les assassiner. Je voulais voir la beauté d'une blessure béante, sa couleur... J'en avais besoin. J'y parvenais même, à ma grande surprise. Tout était de rouge. Les ombres éparpillées sur le sol étaient immobile, inerte. La noirceur du paysage m'envenimait les veines et excitait mes envies sanguinaires. Je n'étais pourtant pas dans un endroit commun. C'était irréel. Je ne pouvais pas voir dis mètres plus loin que moi à cause de l'opacité des lieux. Les arbres étaient lugubres et tout autour de moi était terreur et inertie. Ma tête se mit à tourner à force de réfléchir, puis tout devint flou. J'étais complètement perdu.

Je me réveillais en sursaut, complètement paniqué et tout engourdit. Mes yeux étaient à demi-fermés, mais je sentais mon cœur battre dans ma poitrine. Un nouveau cauchemar. Ou un rêve, je ne saurais le dire. Cela faisait bien longtemps que je n'en avais pas eu de tel. Un petit sourire esquissa mes lèvres, toujours à moitié dans mon inconscient. Je me débattis contre le sommeil, me levai et vacillai quelques instants. Reprenant mon équilibre, je se hâtai de m'habiller convenablement pour sortir. Mes belles affaires noires étaient à leurs places sur une petite table en bois très foncé. Sans surprise, mon mobilier était simple et très sombre. A part mon matelas et ma petite table, tout l'espace était libre. J'enfilai rapidement mes vêtements, désireux de sortir de mon petit cocon le plus vite possible. Enfin, je pus aspirer une grande bouffée d'air frais.
Rhasgarrok était calme, sans rien – ou presque – qui puisse troubler l'atmosphère paisible qui y régnait. Moi seul pouvait faire de l'ombre à cette aurore. Je fis quelques pas dans ma cité, ma dernière maison. Je me retournai, et laissai une rare mélancolie traverser mes traits. Ma chère maison pour moi tout seul. Depuis que j'étais jeune, ma mère n'a pas accepté que je sois à ses cotés le soir. Elle préférait sans doute se remémorer ses victoires de la journée en paix. D'une certaine façon, je la comprenais maintenant. Mais je n'étais pas comme ça. J'avais eu une part d'humanité, qui a finalement eu bien fait de s'envoler loin de moi. Je n'étais pas fréquentable, et je ne l'aurais pas été même avec une éducation pleine de vertu.
J'étais interchangeable.

Une silhouette familière se distingua parmi les arbres et les maisons qui m'entouraient. Je la reconnus sans peine, c'était ma prêtresse, Ellana Flywer. La seule personne qui m'inspirait quelque crainte. Elle était monstrueusement cruelle, mais pas d'une manière identique à la mienne. J'étais en quelque sorte sa 'chose' dont elle pouvait demander n'importe quoi. J'étais plus fait pour des missions d’assassinat néanmoins, elle le savais. Notre principale différence, c'était qu'elle, elle connaissait la limite de ma barbarie. Moi, je ne connaissais pas la sienne.
Je m'approchais rapidement d'elle et je fis une légère courbette pour l’accoster. En sa présence, je faisais profil bas, mais il y avait des limites à ma patience cependant.

Le sommeil ne venais pas me prendre. Et pourtant j'avais besoin de repos. Cela faisait des heures, des jours que je n'avais pas dormi. Mon corps le sentait à peine, mais les cernes sous mes deux grandes pupilles écarlates trahissaient ce manque. Il fallait que j'entretienne mon physique. C'est l'astuce majeur de mon charme, et c'est en quelques sortes mon arme la plus meurtrière. Une jeune femme vous aborde, aussi séduisante qu'une déesse, oserez-vous penser une seconde que celle-ci à pour objectif de décimer la planète ? Je ne le crois pas une seconde que cette idée vous ait traversée la tête. Et pourtant, c'est ce que je suis, et ce que je fais. Je tue, et cela me procure un tel plaisir. Un plaisir incomparable. A cela, le service des elfes mâles, n'arrive pas à la hauteur. Mais je ne veux pas dormir. Dormir, c'est perdre le contrôle de moi même, laisser mon inconscient prendre le dessus. Moi, ce que j'aime par dessus tout, c'est contrôler tout ce qu'il y a autour de moi. C'est une des libertés que me donne ce statut de "prêtresse". On me respecte, on me craint, et j'aime ça.

Je me lève donc de mon lit. Les rideaux sombres à ma fenêtre dansent dans le vent. Une légère clarté illuminait Rhasgarrok et lui donnait une allure mystérieuse et effrayante. C'est tout bonnement affreux. Je déteste cet endroit plus que tout, mais à cause de ces sales elfes de je sais plus quoi, et de soleil, ou un truc du genre, je suis obligé de rester retranchée dans cet endroit. Mais cela ne va pas durer longtemps. Un jour j'aurais le monde à mes pieds ! Et ce jour là, ils souffriront, comme j'ai souffert. J'attends ce jour avec impatience, mais je sais que le jour viendra bientôt où je mettrais tout cela à exécution. Je sors de ma chambre. Il me reste encore deux couloirs de 300 mètres à parcourir avant d'arriver à ma salle de bain et à ma garde robe. Ensuite de nouveau 200 mètres et je tombe sur les escaliers qui me mèneront à la salle de réception. Oui, on peut dire que je vis dans une sorte de château. Ces châteaux sombres, aux hautes tours et aux cachots grinçants. Je me dirige vers ma garde robe et me choisit une robe rouge sombre au décolleté plongeant, et qui s'arrête un peu plus haut que mes genoux. Je ne me chausse pas, car je n'ai pas envie.
Je sors enfin. Il fait assez sombre, et c'est le meilleur moment que je choisis pour sortir, lorsqu'il ne faut pas faire autre chose. La déesse Lloth, ne m'a pas appelé aujourd'hui, il me semble donc que je suis libre de me divertir ce soir. Que pourrais-je donc faire. Il me faudrait déjà trouver une victime. Si seulement ma "chose" était là. Je l'aime bien cet elfe. Doyle, il me semble. Ça peau brune reflète bien la noirceur de son coeur. Pauvre bête. Il ne sait même pas ce qu'il adviendra de lui quand j'en aurais assez de jouer. Pour l'instant il me divertit bien, autant le garder un peu.

Comme si mes pensées se réalisaient dès que je les formulais, ma "chose" apparut au tournant d'une maisonnette. Il s'inclina devant moi. Je pris son visage entre mes mains, et fit mine d'approcher mes lèvres pour l'embrasser, mais je m'écartai au dernier moment. Je n'avais plus vraiment envie de le voir maintenant, mais bon. Je n'avais rien d'autre à faire. Je me demande bien qui il avait pu tuer aujourd'hui. Ou plutôt combien ?

<< Bonjour ma Chose. Des nouvelles à me donner ? Je m'ennui ces derniers temps.>>

Je le regardais avec mes yeux rouges qui étaient de la même couleur que la robe légère que je portais. Je sentais l'herbe sous mes pieds nu. L'herbe de Rhasgarrok, mon herbe.