Besoin de tranquilité [ PV Amelian ]

Quand on a plus rien à Perdre.

Tout semblait agité,
non, ça ne semblait pas, c'était agité. En ce beau jour de fin de printemps la citée des Elfes Dorés battait de son plein, marchands et acheteurs déambulaient dans les rues pour trouver leur perle rare. Moi, je venais de me lever, en ce moment, je n'avais rien à faire, les missions ne demandaient que quelques jours, je n'avais personne à former et, ce qui me faisait souffrir le plus, il n'y avait aucune guerre à l'horizon. Pas la moindre. J'attendais, j'attendais depuis bien trop longtemps, ma rage s'était peut-être atténuée mais je savais que sur un champ de bataille ça ne serait pas la même chose, quiconque passerait devant moi, amis, ennemis ou innocent, périraient. A cette simple pensée mes yeux flamboyaient. Cette simple pensée me rendait fou et s'en m'en rendre compte j’avais dégainé Kine-Laï. Avant de paraître suspect, je rangeai ma lame dans son fourreau, ses plussions étaient de plus en plus fréquentes. Dès que mes pensées divaguaient, un autre moi prenait le dessus, cet autre moi, c'était ma rage, ma rage seule. Cette rage était capable de tout, je le savais, mais, je ne pouvais rien contre. Le seul moyen qui arrangeait les choses était le calme.

C'est dans cette idée que je suis rentré chez moi, mais même ici, les bruits de la rue, la chaleur, étaient encore plus oppressant. Je sortis Rwang-Mü et l’enduit d'un poison paralysant, ce geste était devenu familier. J'avais jugé trop dangereux de mettre un poison mortel ( oui, j'avais trop peur de mon état second ... ), c'est pour cette raison que j'avais opté pour le poison paralysant. Pour le Sabre qu'est Rwang-Mü cette technique un peu farfelu lui allait parfaitement.
Mes deux sabres étaient à leur place habituelle, j'en prenait un troisième, celui-ci était de bois, mais parfaitement équilibré. Un bois tellement parfait qu'on pouvait le confondre avec un sabre ordinaire. C'était l'une des techniques que j'avais inventé pour l'accoupler avec l'épée de ma mère. Je ne l'avais encore jamais testé en combat réel ... comme aucune de mes techniques d'ailleurs. Cette pensée me fit serrer la mâchoire et j’adressais un prière silencieuse destiné à mes parents : " Vous n'êtes pas morts pour rien, je vous le jure. "

Fin prêt, je quittais la ville, depuis mon que j'étais devenu Guerrier je pouvais aller et venir comme bon me semblait. J'avais passé le statut d'enfermement du novice, cette liberté me convenait. J'étais déjà parti plusieurs jours, quand j'étais revenus on m'avait "puni". J'ai alors compris qu'il valait mieux rentrer avant la nuit. Cela a finit par ne plus me déranger, les nuits à l'extérieure sont dangereuses.
Je laissais mes pieds me guider où bon leur semblaient, je m'en fichais de marcher pendant plusieurs heures.

Quand tous les bruits se furent tuent je m'autorisais à regarder où j'étais. Je reconnu Le Lac aux Lotus. Calme et apaisant sa surface était bien lisse et laissait deviné quelques poissons. Mes vêtements me collaient à la peau et j'étais couvert de sueur. Je décidais de me baigner. Je laissais le sabre de bois sur la berge mais prenais avec moi mes deux chers sabres. Depuis treize ans que je vis avec eux, j'ai comprit qu'ils ne craignent rien, ils ne rouillent pas, ne s'abîment pas, c'est très étrange. J'ai déjà essayé de mettre Rwang-Mü dans l'eau enduit de poison, celui-ci colle à la lame. C'est comme si ces sabres étaient vivants. J'en viens même parfois à me poser la question ... c'est un phénomène très étrange.
Je finis par plonger dans l'eau et profiter de ces instants... c'est tellement reposant, je sens les nénuphars chatouiller ma peau et les poissons effleurer mes plantes de pieds. Tout est calme, pourtant je reste sur mes gardes. C'est la première chose qu'on apprend à un Guerrier.

Amelian avait quitté la cité le matin même, toujours hanté par le même cauchemar datant de son enfance. Avisant la chaleur de ce jour, elle avait choisi d'enfiler un court pantalon en peau lui descendant jusqu'aux bas des cuisses, ainsi que d'un simple haut de couleur brune. Elle noua ses cheveux roux et attacha son collier représentant une lune et un soleil sur sa poitrine dorée. Elle sortit ensuite, sans prévenir la moindre personne. Elle était solitaire depuis ses six ans, depuis qu'on l'avait arraché à ses parents elle ne s'était jamais vraiment refait d'amis. Elle n'avait plus confiance en personne. Elle ne se consacrait qu'à son pouvoir et à la nature en qui elle enviait la paisible harmonie.
Amelian courait à travers les arbres sans se retourner. Le bruit de ses pas vifs et rapides tapaient sur le sol de la forêt de Ravenstein. Elle ne fit même pas attention lorsqu'elle franchit la lisière du bois, quittant les territoires des elfes argentés. La sang-mêlée avait besoin de prendre l'air, d'aller quelque part où personne ne viendrait la déranger. A bout de souffle, la jeune mage s'arrêta enfin non loin du Lac aux Lotus. Haletante, elle se dit qu'une petite baignade ne lui ferait pas de mal.
Amelian s'avança légèrement et silencieusement entre les roseaux. Elle grimpa sur une branche d'arbre agilement, et vérifia qu'il n'y avait personne aux alentours. Sa méfiance ne l'avait pas quittée. C'est avec surprise que la jeune elfe aperçut un homme, peut être une ou deux années de plus qu'elle, se diriger vers l'étendue d'eau. Il déposa un sabre, tout en gardant deux autres sur lui. Son attitude était étrange ; pourquoi se baigner avec la moitié de son équipement ? Amelian descendit de son perchoir et fit quelques pas en direction de la berge. Le corps du jeune homme disparut lorsqu'il fendit la surface de l'eau claire. Le voilà qui nageait au milieu des fleurs et des nénuphars. Apparemment elle n'était pas la seule à désirer un moment de tranquillité et de fraîcheur. Devait-elle rebrousser chemin et chercher un autre endroit ? Non, elle était trop exténuée pour reprendre sa route.
Amelian parcourut d'un doigt la surface du sabre laissé par le jeune homme. Etrangement, elle n'était pas du tout tranchante, même sur le côté le plus fin. Etait-ce un appât ? La mage n'y porta pas attention et alla s'assoir au bord de l'eau. Elle trempa ses pieds, saisie d'une sensation de fraîcheur. Après tout, le lac était assez grand pour deux, non ?
Comptant bien signaler sa présence à l'inconnu, Amelian attendit qu'il sorte de nouveau la tête de l'eau avant de lui lancer d'un air qu'elle voulait amical :

" Bonjour, jeune homme. "

Je plongeai la tête sous l'eau. Après tout, il n'y avait pas l'air d'avoir grand monde et Kine-Laï à mon côté me rassurait. J'ouvris les yeux sous l'eau. Quelques poissons aux couleurs multiples passèrent devant moi sans m'accorder une seule seconde d'attention. D'autres me regardaient l'air de dire " que fais-tu ici, étranger ? " je ne vivais peut-être pas ici, mais j'étais tout en droit d'y être. Je focalisai ensuite mon attention sur les plantes, celles-ci étaient aussi multiples et variées. Des coraux de différentes tailles et couleurs, des algues remontant vers la surface pour caresser les doux rayons du soleil et de la mousse servait de nourriture à toutes ces bêtes. Après cette longue inspection sous-marine, je sortis enfin la tête de l'eau. Le vent m'apporta une odeur alarmante. Un autre Elfe était ici. A peine avais-je le temps de faire demi-tour que cette autre Elfe - qui était une femme d'ailleurs - me héla.

Elle ne semblait pas m'avoir reconnue, ouf, je n'avais pas envie qu'on croit que le Roi du Soleil passait ses journées à vagabonder pour courir après les femmes ! J'étais tellement détendu que la perspective de l'attaquer m'était pour le moment inconcevable. Pourtant, sans m'en rendre réellement compte, ma main s'était glissée sur le pommeau au rubis. J'avais même analysé la situation, elle ne portait aucune arme apparente et quelque chose dans son regard m'indiquait qu'elle était mage. J'étais en mauvaise posture. Je ne ferait pas long feu face à une magicienne, il ne valait mieux pas s'attirer trop d’ennui et ne pas mentir.
Je répondis donc avec une grande précaution :

" Bonjour, ... "

J'aurais voulut avoir l'air aussi sympathique qu'elle mais je n'y arrivais pas.

Après sa tête, ce fut presque son corps tout entier qui émergea de l'eau. Il possédait une chevelure noire de jais, et une peau d'une blancheur éclatante. C'était un sang mêlé, ça ne faisait aucun doute. Amelian se surprit presque à compatir pour lui, se trouvant dans le même cas de figure. Pourtant c'était étrange, des motifs symboliques des Elfes de Soleil ornaient ses vêtements. Ce guerrier vivait donc à Aman'Thyr ? La citadelle des elfes dorés n'appréciait pourtant pas tellement les drows. Mais la vie de cet homme ne la regardait en aucun point.
Amelian jeta un coup d'oeil aux deux sabres rangés soigneusement dans leurs fourreaux respectifs. L'un été positionné sur le dos de l'inconnu, et l'autre venait se poser sur sa cuisse. Il avait fière allure, la jeune femme crut déceler une part d'insécurité dans son regard. La craignait-il ? Etait-ce si évident pour lui qu'elle soit magicienne ? Il est vrai qu'elle se baladait sans aucune arme ou armure, ce qui n'était pas très prudent lorsque l'on sortait aussi loin de sa cité.
Amelian, ne voulant pas le mettre mal à l'aise, ne fit aucune remarque sur la peur qu'il avait l'air de nourrir à son égard. Il n'avait pas à la craindre. C'était une elfe qui avait toujours été pacifique. Enfin, si on ne la provoquait pas bien sûr. Elle se souvint, lors de son enfance lorsqu'elle ne méprisait pas son pouvoir, qu'elle avait tendance à attaquer quelqu'un involontairement quand sa colère la prenait. Mais désormais elle usait de ce don que lorsque c'était nécessaire.
Amelian, toujours assise sur la berge, continua la conversation avec le jeune homme, bien décidée à savoir de lui au moins son nom.

" Je suis Amelian, elfe de la cité de Laltharils. Mi-Elfe Argentée, Mi-Elfe de Soleil. " Elle attendit quelques instants sa réaction. Elle avait la preuve qu'elle ne mentait pas sur ses origines, son pendentif de pierre le montrait clairement. " Ce sont de beaux sabres que tu portes là. "

C'était bien beau tous ça, mais je suis pas vraiment à mon avantage là, maintenant, tout de suite. Cette Elfe vient faire trempette juste à côté de mes affaires et je me retrouve à moitié déshabillé dans l'eau... Ne sachant que faire je finis par l'observer. Elle doit avoir a peu près le même âge que moi, sa chevelure rousse me laisse penser à une Elfe du Soleil, pourtant, je ne la connait pas... J'écartais donc cette solution de ma tête, elle devait être une sang-mêlée, comme moi... comme moi... cette pensée fait resurgir mes douleurs passées... il faut que j'arrive à les contenir ... il le faut...

Heureusement je ne crois pas qu'elle s'en soit aperçue, elle continue patiemment le file de la conversation. Tout d'abord, elle se présente, j'avais donc vu juste, elle est bien une sang-mêlée. Me dire que nous avons une racine commune est très étrange, c'est comme si tout d'un coup je pouvais m'ouvrir à elle comme si elle allait comprendre mes problèmes. Mais c'est impossible, personne ne peut comprendre, la seule délivrance qui s'offre à moi est la vengeance, elle seule pourrait calmer ma soif de sang. Sa dernière phrase me met encore plus mal à l'aise ... c'est qu'elle enfonce encore plus le couteau dans la plaie. J'aimerais lui répondre, lui crier après, lui hurler que mes parents sont morts et que c'est la seule chose qui me reste d'eux. Pourtant, j'essaie de me maîtriser, je ne veux pas paraître faible devant cette femme. Je n'ai pas le droit, mon statut me l'empêche, je dois me montrer plus fort que mes sentiments... C'est d'une voix mal assurée que je lui répond, relevant la tête j'ose enfin la regarder de face, c'est qu'elle est terriblement belle...

" - Enchanté, je suis Drake ... de la Citée du Soleil." Je lui passe sous silence mon récent statut de Roi. " Je suis moi-même de sang mêlé, ces Sabres que tu trouves si beaux sont mon seul héritage. " C'est sur un ton que j'aurais voulu moins amer que je finis ma phrase, mais je voulais lui faire comprendre qu'elle s’aventurait sur un terrain dangereux, pour nous deux...

" Enchanté, je suis Drake... de la cité du Soleil. Je suis moi-même de sang-mêlé, ces Sabres que tu trouves si beaux sont mon seul héritage. "

Amelian baissa un instant les yeux, soudain confuse... Elle compatissait à la tristesse du jeune homme, même si elle ne connaissait pas les circonstances exactes de son enfance, elle ne devait pas être aussi belle qu'il aurait voulu qu'elle soit. Alors comme ça les deux inconnus avaient un point commun... Tous deux aucune racine, rien à quoi se rattacher à part la douleur et la vengeance. La jeune mage avait su calmer ce dernier sentiment de haine et de violence, mais le guerrier n'avait pas l'air d'en penser de même et sa souffrance était telle que le seul fait de parler des sabres ayant anciennement appartenu à ses parents suffisaient à raviver ce qui le rongeait de l'intérieur.
Amelian ne savait que faire, ni quoi dire désormais. Drake avait l'air gêné à la vue de son visage. Qu'avait-elle de si particulier ? Ce devait plutôt être elle qui aurait dû être embarrassée devant le torse musclé du guerrier. Le trouble de l'homme commençait sérieusement à se transmettre et une chaleur intérieure montait en Amelian. Le silence ne faisait qu'alourdir cette ambiance, avec le soleil étouffant qui n'arrangeait rien. Impulsivement elle détacha ses cheveux et fendit d'un trait la surface claire du lac dans une gerbe d'écume. Elle nagea sur quelques mètres, soudain libérée de toute sa confusion. Les pétales blanches des fleurs de lotus venaient effleurer sa longue chevelure flamboyante et les poisons chatouillaient ses orteils. Elle ressortit enfin la tête de l'eau non loin du jeune homme. Ses pieds se posèrent doucement sur le sol, veillant à ne pas les écorcher à quelque rocher.

Elle sembla hésiter un instant.
Il me semble qu'elle avait comprit qu'elle s'était aventurée sur un terrain qui n'était pas le siens. Un terrain qui ne l'a regardait absolument pas mais qui nous liait ... étrangement. J'aurais voulut qu'elle continue à parler, pour chasser cette ambiance macabre. Seul les bruits des poissons dans l'eau brisait se silence. C'était assez gênant. Je fus encore plus gêné et surpris quand elle plongea dans l'eau. Je m'étais attendue à tous, sauf à ça. Mes doigts se crispèrent un peu plus sur le manche de mon sabre. Ma mâchoire était tellement serrée qu'il m'aurait fallu une force surhumaine pour articuler le moindre mot.

Amelian sortit la tête de l'eau à quelques pas de moi. A quoi jouait-elle ? Avec un sourire gêné, elle recula. Tant mieux. Je ne voulais pas être dans une situation encore plus embarrassante. Moi aussi, je reculais un peu, j'étais presque nu en même temps et elle, elle ne se gênait pas pour se rapprocher, comme ça. La haine était proche, je le sentais. J'étais à deux doigts de lui sauter dessus et de la couler. Cette peau aussi claire que celle de mon père, c'était un supplice, un supplice de la voir devant moi. Je ne sais pas si c'est possible mais ma main se resserra encore un peu plus sur mon épée. Ce geste qui paraissait si absurde me détendait en quelques sorte.

J'ai vraiment un don pour me fourrer dans les situations les plus catastrophiques... il faudrait que j'arrive à faire bouger cette situation. Il le faut avant que ma rage s’empare de moi et que je comète l'erreur de ma vie. Un Roi qui tue une Elfe adverse sans quelconque motif. Je recule encore de quelques pas. Si elle savait pourquoi je fais ça, si elle savait, elle serait sûrement déjà partit...
Au bout de quelques minutes plus pesantes les unes que les autres, j'arrive finalement a articuler une phrase avec une sourire gêné.

" - Si tu veux un conseil, tu devrais t'en allée, je-suis-pas-le-genre-de-personne-très-fréquentable. "

J'avais tout lâché d'un coup, espérant qu'elle comprendrait et qu'elle arrêterait de me faire souffrir.

[ Et c'est avec un mois de retard que je réponds xD ]

Amelian remarqua que plus le temps passait dans ce silence pesant, plus un sentiment étrange mêlé de haine et d'incertitude envahissait le jeune homme, le poussant à crisper ses doigts d'albâtre sur le pommeau d'un de ses sabres, jusqu'à en saigner. Les os saillaient de sa main, la douleur devait être intense mais ce ne devait pas être cette souffrance la plus dure à surmonter pour Drake. Il soutenait son regard avec fermeté et impassibilité. D'étranges émotions emplissaient ses prunelles brillantes. C'était comme si la sang-mêlée lui rappelait quelqu'un, quelque chose qu'il n'aurait jamais voulu retrouver. Elle revivait des souvenirs amers en lui, des éclats de mémoire qui généraient sa rage.
Ce fut sans étonnement qu'Amelian entendit la voix du guerrier, des paroles sorties de lèvres fines et tremblantes.

" Si tu veux un conseil, tu devrais t'en aller, je suis pas le genre de personne très fréquentable. "

Amelian sourit niaisement. Elle ne le laisserait pas s'en tirer avec une telle facilité. Ce n'était pas de cette manière qu'il pourrait se sentir mieux, repousser ses peurs ne le mènerait à rien. La jeune femme était bien décidée à rester là, sachant pourtant pertinemment de quoi il était capable.

" Si tu veux savoir, je suis aussi bornée que toi quand j'en ai envie. Je n'ai pas de conseil à recevoir, et moi non plus je ne suis pas du genre fréquentable. Alors ? "

Elle avait laissé sa phrase en suspens, persuadée qu'il allait bien enchaîner sur quelque chose... ou bien rester campé sur ses positions et tenter de la chasser de nouveau, ce qu'elle ne ferait évidemment pas.

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